Faut-il investir à l’étranger pour profiter de meilleurs rendements ?

 

Des taux qui font rêver… en apparence

Quand on entend parler de rendements à 46 % en Turquie, 29 % en Argentine ou encore 20 % en Russie, difficile de ne pas être tenté. À côté, notre Livret A à 2,4 % fait pâle figure.

Mais derrière ces chiffres alléchants se cachent des réalités bien plus complexes.

Pourquoi ces taux sont-ils aussi élevés ?

C’est une règle simple en finance : plus un investissement est risqué, plus le rendement doit être élevé pour compenser ce risque.

Ces taux élevés sont donc avant tout des primes de risque. Ils traduisent une instabilité économique ou politique qui décourage les investisseurs... sauf les plus téméraires.

Les risques que vous connaissez déjà en France

Même en investissant localement, vous êtes exposé(e) à certains risques :

  • Le risque de marché (variations de prix)

  • Le risque de taux d’intérêt (notamment pour les obligations)

  • Le risque de liquidité (pourrez-vous récupérer votre argent facilement ?)

  • Le risque réglementaire ou politique (changements de lois, nationalisations)

  • Le risque macro-économique (chômage, croissance)

  • Le risque de contrepartie (faillite de l’émetteur)

  • Le risque spécifique lié à l’actif lui-même

Mais en tant que résident français, vous avez une connaissance naturelle de votre environnement : vous comprenez les dynamiques économiques locales, suivez les actualités politiques, et vous avez un cadre juridique clair.

À l’étranger, les cartes sont rebattues

En investissant dans un pays que vous ne connaissez pas, de nouveaux risques apparaissent :

  • Le risque de change, si votre investissement est libellé dans une autre devise

  • Le risque politique (gel des avoirs, blocage des transferts, expropriation)

  • Le risque de désinformation, car vous n’avez pas le même accès aux bonnes données

Exemple 1 : L’Argentine et l’inflation

Depuis 1944, l’inflation annuelle moyenne en Argentine est de 189,72 %. Cela signifie que vos courses peuvent tripler de prix en quelques mois.

Même si un investissement local vous rapporte 30 %, il est fort probable que la dépréciation du peso argentin efface tout gain. En 2024, un investisseur étranger a pu perdre 30 % de son capital à cause de la seule chute de la monnaie.

Exemple 2 : Le Liban et la crise bancaire

Depuis 2019, le Liban fait face à une crise économique sévère. Les banques ont gelé les comptes en devises étrangères, empêchant les retraits pour éviter les faillites.

Résultat : même si vous aviez fait un bon placement, il est devenu illiquide. Et malgré les réformes, personne ne peut garantir que vous reverrez votre argent.

Ce que vous devez retenir

Investir à l’étranger n’est pas forcément une mauvaise idée. Mais cela demande une compréhension fine des risques locaux, un suivi rigoureux et souvent un accompagnement professionnel.

Un rendement élevé n’est jamais gratuit : c’est le prix du risque. Et parfois, rester dans un environnement que l’on comprend vaut mieux que courir après des taux qui brillent mais brûlent.

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